Plus virtuel

 

2009
Installation
4 moniteurs TV éteints, bois, laque acrylique
Long. 204 x larg. 60 x haut. 76 cm

 

Biennale de la SaMba 2009/2010
Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds
06.12.09-31.01.10

Cette installation d'écrans de télévision se trouve dans la continuité d'une réflexion, débutée il y a douzaine d'années déjà par François Jaques, à travers sa série intitulée, "Différents types de lumières". Cette composition, constituée d'appareils "anciens", présentait jadis des images virtuelles. Malgré les apparences, les objets, sculptures et installations vidéo sont extrÍmement proches des formes d'art traditionnelles. Les téléviseurs "préparés" de l'artiste allemand Vostell, ceux sur lesquels il tirait et ceux qu'il enterrait, et les appareils sur lesquels le sud-coréen Paik se livrait, au début des années soixante, à des manipulations au niveau de leur vocation à produire des images, avaient déjà, en égard au traitement qu'on leur faisait subir, un caractère d'objet. C'est dans un état d'esprit voisin que François Jaques présente aujourd'hui, un "lit de télévisions" éteintes, faces contre ciel, détournant ainsi l'appareil de sa finalité intrinsèque et lui donnant la liberté de trouver une nouvelle forme d'environnement. Le "silence" sonore et visuel actuel de ces écrans de télévisions permet d'aller plus loin dans le virtuel, en y projetant notre propre imaginaire ou en y admirant notre reflet, clin d'oeil au mythe de Narcisse.

A travers cette oeuvre, François Jaques arrive à sortir le spectateur de son attitude distanciée et à l'impliquer d'une façon émotionnelle qu'il ressent, comme très profondément, ambivalente. Il joue à modifier sa relation à la réalité, au temps, à la mémoire, aux faits et aux possibles. En ce sens, le dispositif des nouvelles technologies permet une nouvelle écriture, une nouvelle syntaxe. Le visiteur, sujet pensant et désormais agissant, s'immerge ou s'y projette. Et que de plus virtuel, que l'absence d'images face à la matérialité des téléviseurs, dont la réalité tient à la seule présence d'un observateur actif.

 

 

Séverine Cattin